Bizarrerie à la frontière

Si tu regardes une carte de la frontière séparant l’Inde et le Bangladesh, datant d’avant 2015, tu vas trouver un fait très amusant s’il n’était pas dramatique.

Tu avais là 200 morceaux de territoires, enclavés dans le pays voisin. Des petits bouts d’Inde coincés au Bangladesh, et inversement. Le plus petit d’entre eux mesurait à peine plus qu’une piscine olympique.

Certaines de ces enclaves étaient de 2ème ordre, voire, pour l’une d’elles, de 3ème ordre ; c’est-à-dire qu’un terrain indien, se trouvait au milieu d’une enclave bangladaise, elle-même située dans un territoire indien, lui-même enclavé dans le territoire bangladais.

La situation était invivable évidemment.

Les équipements publics étaient sommaires, car ils nécessitaient de laisser passer sur son territoire des lignes électriques ou des routes au profit d’un pays qui n’était pas le sien.

Et ne parlons pas de la criminalité qui y était endémique : la police ne pouvait pas intervenir dès lors que les personnes passaient sur l’autre territoire.

On ne sait pas trop comment est née cette bizarrerie géopolitique.

On suppose qu’il pourrait s’agir de terrains gagnés au jeu de cartes ou d’échecs au XVIIIeme siècle par le raja et le maharaja de l’époque.

Ce n’était pas vraiment un problème, tant que toutes ces propriétés étaient intégrées au même pays. Mais la question s’est imposée :

  • en 1947, quand Inde et Pakistan se sont séparés,
  • puis en 1971, quand le Bangladesh s’est à son tour séparé du Pakistan.

En 2015, enfin, a eu lieu un échange de territoires, permettant aux 100.000 habitants concernés de choisir leur lieu de résidence et leur nationalité.

Dans l’affaire, l’Inde a récupéré 29 km² mais a dû donner 69 km².

Pour pouvoir gagner l’ordre et la paix, il a fallu négocier, évaluer, lâcher, cesser de se cramponner à ses petites possessions. Il a fallu accepter d’abandonner des territoires qui étaient sa propriété depuis 300 ans.

L’ordre et la paix coûtent parfois.

Mais après tout, accepter de se séparer de certaines possessions pour remettre de l’ordre et gagner la paix, cela ne nous rappelle-t-il rien du message évangélique ?

God bless,

Pascal

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