Je me baladais dans une grande surface de jardinage, dans laquelle il y avait un rayon animalerie.
Enfant, j’ai grandi dans une animalerie.
Ce sont mes premiers souvenirs d’enfance, qui m’ont marqué à jamais.
Alors aujourd’hui encore, je m’émerveille devant les animaux, même si je préfère évidemment les voir en liberté.
A quelques mètres de là, par terre, dans les rayons, je vois alors une souris se déplaçant à grand peine, en train d’agoniser.
Je demande à un vendeur si elle s’est échappée des bacs vitrés où les souris sont exposées aux clients.
Non, celle-ci est une souris “sauvage”, coupable de grignoter les sacs d’alimentation pour rongeurs. Elle vient d’ingurgiter un souricide, la sale bête.
Je demande l’autorisation de l’emmener chez moi.
Faveur accordée.
Elle succombe quelques heures plus tard d’une hémorragie, conformément à l’objectif visé par le produit.
Et donc nous avions deux souris absolument identiques.
L’une d’un côté de la vitre est un nuisible indésirable qu’il faut tuer.
L’autre, de l’autre côté de la vitre, est mise en valeur, toute belle, ses crottes sont nettoyées, sa mangeoire est pleine, son eau est propre, des gens vont payer pour la ramener chez eux, et vont encore payer pour sa cage, ses jouets, ses repas. Ils trouveront un voisin pour s’occuper d’elle pendant leurs vacances. Ils veilleront à ce que le chat de la maison n’y touche pas.
Deux poids, deux mesures.
De chaque côté de la vitre, ce sont pourtant deux souris, non ?
Cela devrait nous interroger sur la façon dont nous plaçons notre curseur à l’heure de faire des différences entre les personnes. Ceux de gauche et ceux de droite. Les vaccinés et les non-vaccinés. Les conservateurs et les progressistes.
Ces critères qui nous paraissent tellement clivants, irréconciliables, des montagnes insurmontables…
Et si, dans le fond, nous ne formions que les deux faces d’une même médaille ?
Pascal
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