Elle louait son bébé pour m’attendrir

Elle devait avoir 6 ans.

Elle portait en écharpe un bébé sur son dos.

Elle courait à côté de ma voiture. Pieds nus. Sous la pluie. Me suppliant de lui donner une pièce. L’équivalent de 10 centimes d’euro lui auraient suffit.

Je n’ai pas oublié son regard et son visage déformés par le désespoir.

On m’apprenait que le bébé qu’elle portait était certainement loué pour la journée, pour mieux émouvoir les passants. Pratique courante dans ce pays où j’étais de passage quelques jours.

Quelle misère…

Certains disent qu’il ne faut pas donner pour ne pas encourager la mendicité et alimenter les trafics. D’autres disent qu’on ne peut pas ne rien faire comme si nous étions insensibles.

Je sais bien que si je donne, je ne résous rien. Et si je ne donne pas, je ne résous rien non plus.

Ca signifie que le problème n’est pas là.

La pauvreté, c’est une mécanique infernale. Des circonstances (climatiques, sociales, politiques, sanitaires, coutumières, …) sont en place pour la faire advenir.

Certains états de fait existent pour la maintenir (parfois d’ailleurs avec une raison précise derrière. Je te donne un indice : ça commence par po- et ça finit par -gnon).

Mais des dispositifs existent aussi pour faire sortir une société de la pauvreté.

Et je dis bien “société”, parce qu’on ne sort de la pauvreté que collectivement. Endiguer la pauvreté d’une région, d’un pays, ne peut se faire sans jouer collectif. Non seulement pour des raisons morales, mais aussi pour des raisons d’efficacité.

Si A veut sortir de la pauvreté, ça se fera forcément en permettant aussi à B d’en sortir.

C’est une espèce de loi naturelle, un cercle vertueux dans lequel tout le monde gagne ou tout le monde perd.

Et tant que certains tirent la couverture à eux… ça ne peut pas marcher.

La solidarité n’est pas juste un principe moral : elle est une nécessité vitale et féconde.

Le SEL, une association que j’apprécie particulièrement, a édité un jeu de société nommé “Les Villageois de Baobila”.

Il permet de comprendre les enjeux de la pauvreté et d’éduquer à la solidarité. En jouant, les participants apprennent à savoir comment aider efficacement.

Et quand toi (ou tes enfants, ou tes petits-enfants), tu te retrouveras face à cette petite fille… Que tu décides ou non de lui donner une pièce, tu le feras en sachant que tu es acteur(trice) du changement.

God bless,

Pascal

PS : Pour découvrir les actions du SEL, clique ici.

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Parce qu’ils me ressemblent

C’est une pensée très personnelle que je te partage.

La crise du coronavirus a touché le monde entier.

Par un étrange “concours de circonstances”, l’Eglise de la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse a été particulièrement mise sous les feux des projecteurs, accusée injustement par certains d’un tort dont ils ne sont pourtant que les victimes.

Une lettre ouverte intitulée “Je défends !” a été écrite.

Lorsqu’il m’a été demandé si je voulais co-signer cette lettre, j’étais en voiture. J’ai dit oui avant même d’en avoir lu le contenu (je l’ai lu une heure après, et j’ai redit oui).

Mes frères et soeurs étaient injustement pointés du doigt, et il était naturel de venir prendre leur défense. Ca ne se réfléchissait pas !

Ce faisant, je me suis aperçu d’une chose.

Je n’ai pas été aussi prompt à prendre la défense des enfants irakiens ou syriens qui grandissent sous les bombes.

Je n’ai pas été aussi prompt à me lever pour dénoncer les exactions mises en lumière par le Dr Mukwege en République Démocratique du Congo.

Je n’ai pas été aussi prompt à m’intéresser à la crise vénézuélienne.

Pas très prompt non plus à prendre la défense de yazidis, de bouddhistes, de femmes, de personnes âgées, d’homosexuels, de SDF, de malades, de personnes handicapées partout où des injustices étaient commises, ici ou là, à leur endroit.

Je ne peux pas aider partout.

Mais je peux aider quelque part ! Je peux soutenir quelque part. Je peux dénoncer une injustice. Je peux adresser une parole de soutien et d’amitié à des frères et soeurs en humanité.

Je suis français d’origine arménienne, petit-fils de quatre rescapés du génocide de 1915 qui élimina 50 à 60% de la population arménienne de l’actuelle Turquie, et envoya sur les routes de l’exil la quasi totalité des survivants.

A l’époque, des Français, des Suisses et d’autres sont venus en aide à ces populations. Ils n’étaient pas arméniens, n’avaient pas d’amis arméniens, et ils sont venus en aide aux Arméniens. Plus de 100 ans après, nous nous en souvenons encore…

Je soutiens spontanément la cause arménienne parce que je suis d’origine arménienne. Je soutiens spontanément la Porte Ouverte Chrétienne parce que je suis chrétien.

Peut-être est-ce le moment pour moi de penser à soutenir ceux qui me ressemblent un peu moins…

God bless,

Pascal

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