Tu es un âne !

C’était un dimanche matin, il y a quelques années.

J’étais de passage dans l’église d’une autre ville, où je vais de temps en temps.

Je m’y ennuyais à mourir : la monotonie, le traditionalisme sclérosant qui y régnaient avaient tendance à me faire trépigner à l’intérieur de moi.

Le point d’orgue ? C’était l’orgue. Celui qui accompagnait le moment de l’offrande, jouant ses airs les plus sinistres (je n’ai rien contre les orgues pourtant !).

Dès les premières notes, je ne pouvais m’empêcher de chuchoter d’une voix grave à l’oreille de ma femme : “Bien-aimés, nous sommes réunis en ce triste jour pour accompagner notre frère dans son dernier voyage…”.

Parole et musiques assortis.

Coup de coude entendu de Karine, ce qui signifie (selon ma traduction) : “Je sais que tu as raison, mais s’il te plaît, pas ici !”.

Pardon, organiste. Je sais que tu jouais de tout ton coeur.

C’était juste pas mon truc.

Mais ça semblait convenir à l’assemblée.

Le pasteur était nouvellement nommé.

Il faisait ce jour-là un message pour encourager les gens à se mettre en mouvement, à aller de l’avant, à sortir de leurs murs. J’ai kiffé.

A la fin, je suis allé le féliciter. “Ah, ton message était top ! C’est exactement ce que cette église avait besoin d’entendre”.

J’attendais de sa part une confidence, quelque chose du style “Oui, j’essaye de les bouger un peu parce que sinon, il se passe pas grand chose”.

Ou, au moins, un plus pastoralement correct : “Par la grâce de Dieu, nous sentons souffler le vent de l’Esprit et nous commençons à voir des signes de renouveau”.

Il m’a juste dit merci poliment. Point.

Et ça m’a interpellé.

Et je me suis dit : “Pascal, tu es un âne.

Avant de pointer chez les autres ce qu’ils font ou ne font pas, est-ce que tu t’es regardé ?”

Depuis…

je n’arrive pas encore à m’empêcher de prononcer l’oraison funèbre pendant l’orgue (c’est mal, je sais, j’y travaille).

Mais avant de penser que le message est parfait pour les autres, j’essaye d’abord de voir ce qui devrait changer chez moi.

Et en général, ça a déjà de quoi m’occuper un moment.

God bless,

Pascal

PS : S’il t’arrive d’avoir quelques frustrations à gérer, voici un bouquin qui va t’aller comme un gant, fais-moi confiance.

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